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Tribune Peter Hegglin, Conseiller aux Etats, Le Centre

S’atteler enfin aux chantiers politiques

L’évolution des coûts de la santé ne connaît qu’une seule direction: vers le haut! Les idées et les recettes qui nous permettraient de stopper cette évolution sont nombreuses: un système de prix de référence pour lutter contre les prix élevés des génériques ou l’obligation de prendre des mesures de maîtrise des coûts dans les conventions tarifaires ne sont que deux exemples. Mais les milieux concernés, qu’il s’agisse de l’industrie pharmaceutique ou des fournisseurs de prestations, les combattent toujours avec succès dans leurs efforts pour trouver des compromis. Or la situation est aujourd’hui beaucoup plus grave. Car la pandémie a également laissé des traces financières chez de nombreuses personnes. Et ce alors qu’une augmentation des primes d’une ampleur que nous n’avons plus connu depuis de nombreuses années est attendue. La pression politique va donc augmenter. L’initiative pour un frein aux coûts du Centre est peut-être justement le moyen de pression nécessaire pour que le Parlement se ressaisisse enfin et se penche sérieusement sur des solutions contre la croissance des coûts. La politique doit agir dans quatre domaines: 

Numérisation 

La pandémie de coronavirus l’a montré: une bonne base de données est l’une des principales clés pour gérer une crise. Or dans sa version actuelle, le dossier électronique du patient est encore trop compliqué et limité. Il faut enfin simplifier le système et inciter tous les acteurs à s’engager davantage. 

Planification des soins 

D’autres pays montrent l’exemple: la concentration, en particulier des prestations spécialisées, favorise la qualité et augmente également l’économicité. La planification de l’offre doit donc être pensée pour des zones géographiques plus vastes que celles qui existent aujourd’hui. 

Prix 

Chaque comparaison des prix avec l’étranger révèle des écarts flagrants entre la Suisse et les pays de comparaison traditionnels. Les génériques coûtent deux fois plus cher en Suisse, les analyses de laboratoire même trois fois plus. C’est à ce niveau-là que nous devons agir et exploiter les potentiels d’efficacité, car les prix trop élevés sont entièrement à la charge des patients. 

Étendue des prestations 

Il existe diverses prestations qui n’offrent aucune valeur ajoutée aux patients. Plusieurs Health Technology Assessments (HTA) attestant de l’inefficacité de certaines thérapies sont disponibles. Il faut que les choses changent: les HTA doivent être automatiquement mises en oeuvre dès lors qu’une prestation s’avère inefficace. Aucun de ces quatre thèmes n’est nouveau. Ils ont surtout un point commun, à savoir de lutter contre les inefficacités et les mauvaises incitations du système, et ce sans influence directe sur la qualité.