Detail

Éditorial de Roger Scherrer, Directeur de tarifsuisse sa

Innovation et tarif - une contradiction?

La pandémie de coronavirus nous a tous propulsés dans l’univers de la numérisation. Plus encore qu’avant la crise, la grande majorité d’entre nous est aujourd’hui confrontée aux vidéoconférences, à des événements virtuels et aux processus automatisés. Le progrès s’est ainsi imposé à chacun d’entre nous.

Dans le domaine des structures tarifaires ambulatoires en revanche, rien n’a bougé depuis des décennies. La possibilité de développer des structures tarifaires en s’appuyant sur des données (de coûts) réelles n’a guère été utilisée jusqu’à présent. Les forfaits ambulatoires donnent maintenant l’occasion de trancher ce noeud gordien et d’établir une structure tarifaire de l’avenir réaliste, fondée sur des données objectives et représentatives. Il est d’autant plus réjouissant que le Parlement ait suivi cette voie lors de la session d’été en dotant les forfaits d’une base légale.

Le calcul des forfaits repose sur des données détaillées remises par les fournisseurs de prestations. Aussi simples soient-ils pour ceux qui les appliquent, les forfaits n’en sont pas moins le fruit d’un vaste savoir-faire de spécialistes des tarifs et des données. Une évolution dans ce domaine est indispensable car les prestations médicales ambulatoires continuent d’être facturées quasi exclusivement sur la base du tarif à l’acte Tarmed. Ce dernier repose sur un concept datant des années 1990, à une époque nota bene, où le monde des données n’était de loin pas aussi développé qu’à l’heure actuelle. Compte tenu du progrès technique, mais aussi de la base de données lacunaire, le tarif Tarmed ne reflète plus fidèlement la réalité actuelle dans de nombreux domaines.

Les futurs forfaits ambulatoires représentent donc une réelle innovation. Grâce à la masse de données disponibles, les forfaits sont à même de refléter très précisément la complexité de certains traitements. Il est en outre possible de les adapter en continu aux évolutions les plus récentes. Les livraisons de données périodiques constituent une base objective qui permet, à l’instar d’un «système apprenant», d’en déduire en continu des améliorations du tarif. Dans le domaine des soins somatiques aigus en milieu hospitalier et de la psychiatrie, des tarifs, dont la structure peut être mise à jour chaque année grâce à une base de données solide, ont été introduits au cours de la dernière décennie. Les innovations sont donc possibles, également au niveau des tarifs, car l’amélioration des données disponibles nous ouvre de nouvelles possibilités. Il est temps que le domaine ambulatoire en profite à son tour.