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Evolution des primes et des coûts
Nouvelle flambée des coûts: la stabilité des primes est en danger
Les primes d’assurance-maladie baisseront en moyenne de 0,2% en 2022. Mais la joie risque d’être de courte durée: après trois années consécutives de primes stables, une nouvelle flambée des primes se profile à moyen terme. Car l’augmentation des coûts est plus forte que prévu. Des mesures d’économie énergiques et un tarif intelligent sont indispensables pour garantir la stabilité des coûts.
Au cours des trois dernières années, la croissance des primes a enfin pu être endiguée avec succès. Mais un tournant se profile et n’augure rien de bon. En effet, les fortes hausses de coûts sont de retour: de janvier à septembre 2021, des coûts supplémentaires d’environ 5% ont été pris en charge par l’assurance obligatoire des soins comme le révèlent les derniers chiffres de SASIS, filiale de santésuisse. Et ces coûts n’incluent pas encore les dépenses des assureurs pour les vaccinations qui dépassent déjà les 200 millions de francs à ce jour. L’évolution des coûts est marquée d’une part par des effets de rattrapage et, d’autre part, par des dépenses supplémentaires liées notamment à la pandémie.
Hausse importante des prestations d’aide et de soins à domicile
Selon le secteur, la pandémie de coronavirus a impacté de manière très différente l’assurance obligatoire des soins (AOS). Ainsi, la tendance à la stagnation des coûts hospitaliers stationnaires, déjà observée avant la crise du coronavirus, s’est encore amplifiée: toutes les interventions reportées n’ont en effet pas été rattrapées. On observe également un transfert vers les soins de longue durée: alors que les prestations d’aide et de soins à domicile ont augmenté au premier semestre 2021, elles ont à l’inverse reculé dans les EMS. Au premier semestre 2020, les coûts des prestations fournies dans les EMS par personne assurée dépassaient encore allègrement 7% par rapport à 2019. La situation est différente cette année puisque les coûts ont baissé de plus de 3% par rapport à 2020. En contrepartie, les prestations d’aide et de soins à domicile ont flambé. Les coûts des médecins libres praticiens enregistrent eux aussi une hausse substantielle. Alors qu’ils avaient reculé d’un pour cent l’année dernière, leur croissance explose aujourd’hui pour atteindre 7% au bas mot chez les médecins en pratique privée. La situation est similaire pour les pharmacies et les laboratoires d’analyses avec une nette augmentation des coûts, se chiffrant respectivement à 7% et 6%.
300 millions de francs remboursés par les assureurs affiliés à santésuisse
Dans l’ensemble, santésuisse estime à près d’un milliard de francs les coûts de la pandémie à la charge de l’AOS. Les assureurs-maladie peuvent couvrir cette somme impré- vue à l’aide de leurs réserves de sorte que les primes baissent même légèrement en 2022. Les payeurs de primes ont encore d’autres raisons de se réjouir. En effet, les assureurs affiliés à santésuisse se sont engagés à rembourser quelque 300 millions de francs à leurs assurés.
Les primes sont le reflet à long terme des coûts
A long terme, les primes doivent permettre de couvrir les coûts comme stipulé dans la loi. D’une année à l’autre, on peut enregistrer tantôt des excédents, tantôt des déficits – à long terme cependant, la situation s’équilibre. Mais si les recettes sont excédentaires et ne sont pas indispensables à la constitution des réserves, elles sont directement reversées aux payeurs de primes. Il est important dans ce contexte de préciser que la dernière baisse des primes en 2008 n’était pas imputable à une réelle diminution des coûts, mais à une intervention du Conseil fédéral dans les réserves des assureurs- maladie pour faire baisser les primes. La comparaison de l’évolution des coûts à l’époque (voir graphique) montre que les primes étaient nettement trop basses et que le déficit a dû être compensé les années suivantes par de fortes hausses des primes.
S’attaquer de manière ciblée à la hausse des coûts
Diverses mesures pour freiner efficacement les coûts existent, mais leur mise en oeuvre patine. Ainsi, le Contrôle fédéral des finances (CDF) a constaté l’année dernière que les procédures menées dans le cadre des «Health Technology Assessments (HTA)» pour évaluer l’utilité de traitements controversés n’ont encore guère montré de résultats. Si les procédures de contrôle en cours étaient toutes mises en oeuvre, des coûts inutiles de l’ordre de 600 millions de francs pourraient être économisés chaque année selon l’OFSP. Par ailleurs, le CDF a constaté que l’indication médicale des interventions doit être mieux vérifiée par les répondants des coûts. Pour la directrice de santésuisse, Verena Nold, il ne fait aucun doute que «l’amélioration de la qualité des traitements permet d’éviter des prestations inutiles et partant d’économiser directement des coûts». santésuisse a démontré à l’aide de comparaisons de prix avec l’étranger que les médicaments et les analyses de laboratoire sont considérablement plus chers en Suisse que dans les pays voisins. Le potentiel d’économie inexploité avoisine un milliard de francs. Verena Nold est convaincue que «les mesures pour endiguer les coûts sont sur la table depuis longtemps. Des forfaits pour les traitements ambulatoires dispensés par les médecins, des prix moins élevés pour les médicaments et les analyses de laboratoire ainsi que l’accélération de la numérisation permettraient d’alléger considérablement la charge pesant sur les payeurs de primes.»